J'ai été extrêmement surpris par ce roman.
On y suit le jeune Locke Lamora, voleur et escroc prodige, dont les manigances vont se heurter à plus fort que lui.
Il y a d'abord, comme toujours, des personnages auxquels on s'attache facilement : Moustique, les frères Sansa, Jean Tammen et évidement Locke ont une authentique présence, ce côté narquois, amusant et séduisant, même, de l'imaginaire des voleurs de haut vol. Et évidement, comme ils sont jeunes, ils font des erreurs (on les voit arriver juste un peu avant eux) et j'ai eu peur pour eux. Une peur justifiée d'ailleurs.
Parce que franchement, la ville de Camorr est vraiment un cloaque insupportable : les bandes de voleurs et meurtriers écument la ville et ne sont pas trop embêtées par la maréchaussée locale, du moment qu'ils n'attaquent pas les nobles. Et de leur côté, les nobles profitent pas mal de certains arrangements. Bref, c'est un lieu assez ignoble.
C'est d'ailleurs une force de l'auteur, de réussir à donner une réalité aussi ... sensible (par tous les sens) à une ville qui ressemble quand même beaucoup à une espèce de Venise bien décadente. Et, de la même manière, les personnages, qu'ils soient de la bande des salauds gentilhommes ou d'ailleurs, ont un corps qui apparaît en quelques lignes, deux trois traits physiques qui suffisent, parce qu'ils sont marquants.
Un autre point marquant, c'est que les personnages en bavent globalement beaucoup. Locke s'en prend plein la tête à chaque bagarre, et il me semble qu'aucun combat ne se termine sans blessés (ou morts). Autrement dit, Camorr est une ville cruelle, et s'attacher aux personnages est périlleux pour le lecteur.
En même temps, vu la complexité de l'intrigue, ça n'est pas si étonnant. Mais c'est aussi une qualité de cet étonnant roman : offrir un récit dont on comprend la plupart des tenants et des aboutissants, mais dans lequel on se laisse d'autant volontiers embarquer qu'elle réserve autant de joie que de drame.
Du coup, je n'espère qu'une chose : que la suite soit aussi bien. Et je ne vous recommande qu'une chose : de lire cet étonnant roman, pas très loin de [b:La première loi|31524048|La Genuflexion Au 19e Siecle, Ou Etude Sur La Premiere Loi de La Creation (Classic Reprint)|Jean Gaume|https://s.gr-assets.com/assets/nophoto/book/50x75-a91bf249278a81aabab721ef782c4a74.png|52209245] ou du [b:Trône de fer|1032784|Le trône de fer (Le trône de fer, #1)|George R.R. Martin|https://images.gr-assets.com/books/1180377671s/1032784.jpg|25974439], avec toutefois un côté Arsène Lupin très séduisant.