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Philip K. Dick: The Three Stigmata of Palmer Eldritch (Paperback, 1983, DAW) 3 stars

The Three Stigmata of Palmer Eldritch is a 1965 science fiction novel by Philip K. …

Review of 'The Three Stigmata of Palmer Eldritch' on 'Goodreads'

1 star

Ce roman raconte, dans un futur de pacotille, le retour de Palmer Eldritch de Proxima du centaure, et ses conséquences sur la Terre toute entière. Car Eldritch est un grand industriel, qui s’apprête à commercialiser une drogue qui va faciliter la vie à tous les colons terriens perdus sur les mondes colonisés du système solaire.
Je le dis tout net, je n’ai pas apprécié ce roman pour de nombreuses raisons : d’abord, le côté surranée de sa vision du futur, et puis la perte brutale de scénario à la moitié du bouquin, et enfin l’espèce de plongée mystique qu’accomplit le héros avant le Deus ex Machina (ou plutôt Deus ex Nihilo) final. Il y a en effet dans la vision que donne [a:Dick|1655|Mark Twain|http://photo.goodreads.com/authors/1170645482p2/1655.jpg] du futur un côté tout à fait analogue aux cartes postales 1900 qui décrivaient un Paris de l’an 2000 rempli de fusées, de gadgets tous plus remarquables les uns que les autres. Par exemple, tout le monde utilise des fusées, et des aérotaxis, alors même que les habitants de la Terre ne cherchent qu’à se protéger des rayons du soleil. Pourquoi alors ne pas utiliser de métros, ou de navettes souterraines ?
En clair, ce futur n’est pas du tout crédible.
Il n’est pas un moment, que ce soit lors des voyages dans l’espace, lors des séjours sur Mars, ou même dans la description de New York, il n’est rien qui ne nous donne envie d’y croire. Mais ce décor de carton-pâte n’est rien vis-à-vis de l’histoire, si tant est qu’elle existe. Elle commence assez banalement, avec les aventures de deux compagnies en quête de monopole sur l’ensemble du système solaire. Et soudain, à la moitié du livre, on perd tout contact avec la réalité, pour s’enfoncer dans des délires psychotropes dignes pour moi du [b:Festin Nu|7437|Naked Lunch The Restored Text|William S. Burroughs|http://photo.goodreads.com/books/1219259455s/7437.jpg|4055] de [a:Burroughs|3058|Augusten Burroughs|http://photo.goodreads.com/authors/1201282699p2/3058.jpg].
La réalité n’est plus rien qu’une couche d’illusion qu’on ne peut percer, et quand bien même on y arrive, c’est pour constater que cette réalité est contaminée par l’hallucination, et qu’il n’y a donc aucun moyen d’obtenir une vision du monde dégagée de la drogue(1). On se demande même d’alleurs, au bout d’un certain temps, comment l’auteur va se sortir du marasme dans lequel il s’est plongé, avant de tomber sur les délires les plus pénibles du livre.
Tout d’abord, le héros, en plein coeur de son hallucination, s’interroge métaphysiquement sur la finalité de cette créature, qui ne peut être humaine, qu’est Eldritch. Les deux mis bout à bout peuvent sembler grotesques, donc on reprend plus doucement.
Dans une inspiration étonnante, le héros réalise qu’Eldritch a dû être remplacé par une créature d’outre-espace, qui cherche à prendre sous sa coupe l’humanité, ou à la détruire, ce qui ne vaut guère mieux. Et aussitôt, s’ensuit une question métaphysique : cette créature est-elle Dieu, ou n’est-elle qu’une chose plus grande que l’Homme, et par conséquent plus proche de Dieu ? Ou s’agit-il encore d’autre chose. Tout cela est tellement mal amené, tellement pauvrement décrit que ça en perd tout son sens, et ne permet que de classer finalement cet ouvrage dans la catégorie des ratés grandioses, des perdants magnifiques.
Parce qu’au fond, il ne s’agit que de ça. Un livre mal écrit, sur un sujet qui s’y prête mal, dans un univers de pacotille. Bien sûr, certains tenteront de défendre ce roman, sous le prétexte que c’est un texte important, avec une vision de la drogue futuriste (ce qui cadre bien avec la sortie de stups et fictions) mais franchement, était-ce bien la peine de sortir cette chose de son caniveau ? A un moment, du livre, Eldritch propose au héros de le transformer en un cadavre de chien pourrissant dans un fossé ... peut-être est-ce aussi ce que mérite ce roman.
(1) que par un habile procédé, l’auteur nomme le D-Liss, anagramme plus que transparent du LSD