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Charles Stross: Crépuscule d'acier (French language, 2008) 4 stars

Singularity Sky is a science fiction novel by author Charles Stross, published in 2003. It …

Review of "Crépuscule d'acier" on 'Goodreads'

5 stars

Ben alors ça, c'était une sacrément bonne surprise !
C'est vrai que la quatrième de couverture laisse sous-entendre qu'il s'agit d'un space-opera un peu déjanté, avec son Festival qui envoie des téléphones demandant de le distraire.

Mais cette mise en bouche n'est rien à côté d'un récit dans lequel l'explosion de la machine à couverts en plastique n'est que le symptôme le plus évident d'un univers complètement barré qui, pourtant, sert un récit d'une sacrée cohérence, malgré des prémices un peu folles.

Mais reprenons du début et méfiez-vous des spoilers glissés dans ce texte.

Le Festival arrive donc sur une planète arriérée, colonie d'un empire galactique reprenant les codes d'une espèce d'empire soviétique étrangement modifié, et refusant les technologies "post-singularité". Cet empire, naturellement, considère cette arrivée comme une invasion et compte y répondre militairement avec toute la force et la vigueur possible. Et deux des personnages principaux, originaires d'autres endroits, vont faire en sorte que ce plan échoue.

Dit comme ça, ça donne une intrigue téléphonée, avec soldats héroïques et obéissance à tous les étages, comme dans une histoire d'[book:Honor Harrington]. Encore plus si je vous dit qu'en ayant revu en même temps [book:A la poursuite d'octobre rouge], j'ai clairement vu une partie de l'héritage dont se réclame ce roman. Enfin héritage, le terme est peut-être un peu fort. En tout cas, d'autres courants sont venus se mêler à ça : un côté NSO cherchant à intégrer les outils du cyberpunk et des éléments de hard-science là-haut, dans l'espace; et puis aussi une espèce de distanciation qui m'a fait penser à [book:La Culture] de [book:Banks]. Voilà, c'est tout-à-fait ça : la Culture rend visite à ses cousins arriérés - qui la considèrent bien sûr comme une espèce de version dégénérée de leurs nobles traditions militaires. Et encore, je ne parle là que des influences qu'on peut retrouver dans le récit spatial. Parce qu'il y a à côté une espèce de contrechant terreste, montrant les vraies conséquences du passage du Festival. Et là, la vraie inspiration, c'est évidement Alice au pays des merveilles.

Bon, enfin, je vous parle là des inspirations, mais [author:Stross] n'est évidmeent pas un simple copieur, sinon je n'aurais pas autant apprécié ce bouquin. C'est aussi un auteur qui sait, avant tout, donner de la crédibilité à tout son univers. De la Nouvelle-république, dictature soviétoïde, aux errements moraux de ses personnages, tout semble parfaitement "vrai". Tenez, même son Eschaton, dont on ne sait ni ce qu'il est, ni ses pouvoirs, ni rien, a une force, une présence dans ce récit que je trouve stupéfiante.
En même temps, ce truc qui est la plus proche version d'un dieu incarné semble régner sur la partie de l'univers où vivent les humains, et intervient d'une manière bien plus visible que d'autres artefacts quasi-divins.

Ah oui, j'allais oublier de vous parler d'un concept marquant : la singularité. J'en avais déja vaguement entendu parler, mais je n'avais encore jamais lu de roman l'utilisant comme base d'une évolution menant à cet état du récit. C'est frappant, c'est un peu dingue, et c'est totallement impressionant.

Et enfin, cette sinularité, cette histoire, ces personnages, tout ça fait de ce roman un bon, un très bon, un excellent roman à lire absolument.