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James S.A. Corey: L'Éveil du Léviathan (French language, 2015, Actes Sud) 4 stars

L'humanité a colonisé le système solaire. Quand Jim Holden, second sur un transport de glace, …

Review of "L'Éveil du Léviathan" on 'Goodreads'

4 stars

Dans cet épais roman, on va suivre deux hommes : un capitaine de vaisseau spatial un peu trop droit, et un ancien flic un peu trop désabusé. Ces deux hommes vont affronter une menace réellement étrange au sein d'un système solaire marqué par une ambiance nettement belliciste (qui 'est toutefois pas le coeur do roman).
On a donc trois factions : la Terre, Mars, et les humains d'au-dela des astéroïdes. En quelque sorte, on pourrait placer cette histoire dans une période après la trilogie martienne de [a:K S Robinson|8245258|K S Robinson|https://s.gr-assets.com/assets/nophoto/user/u_50x66-632230dc9882b4352d753eedf9396530.png] : l'humanité a colonisé le système solaire jusqu'à Uranus, mais dépend encore totallement de ce que peut lui fournir la Terre. Du coup, il y a une certaine tension politique.
Et dans ce climat ... délétère, les événements à travers les personnages principaux vont passer sont assez ... effrayants.
Franchement, je ne m'attendais pas à apprécier ce roman autant que je l'ai fait. Parce que la trame paraît assez classique et que le début du roman est, en quelque sorte, une déception : le capitaine Holden a un côté boy-scout dénonceur plutôt pénible, et Miller est souvent un peu trop déprimant. Cependant, la construction littéraire avec des chaitres alternés entre ces deux personnages fonctionne plutôt bien, et même franchement très bien à partir du moment où ils se rencontre, puisqu'on peut avoir successivement deux points de vue de la même scène, sans pour autant avoir la moindre impression de répétition. Du coup, cette construction très dynamique permet de faire passer assez bien certains passages typiquement longs du space-op (typiquement, les voyages interplanétaires, par exemple).
Et puis, ce système solaire envahi par une humanité pas forcément heureuse, pas forcément libre, et pas forcément contente de la situation politique est une vraie réussite de roman noir : à aucun moment on a l'impression que cet essaimage est vu par les personnages comme une bonne idée, mais plutôt comme une conséquence nécessaire de la croissance de la population terrestre.
Quant à la menace extra-terrestre, elle est bien crédible que bon nombre de celles que j'ai pu voir.
Du coup, ce roman est bien meilleur que les cent premères pages peuvent le laisser supposer. Et en bonus, si il s'intègre dans un cycle, c'est d'une façon assez "propre" puisque la dernière page apporte une conclusion bien fermée. Ce qui en fait un space-opera bien sombre, mais également bien recommandable, sauf peut-être pour les coeurs fragiles.