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Kim Stanley Robinson: Mars la bleue (French language, 2003) 4 stars

Review of 'Mars la bleue' on 'Goodreads'

5 stars

Je crois que je vais avoir beaucoup de mal à écrire cet avis, car [b:Mars la bleue] est un roman très dense, très gros, et très inégal (faute de meilleur terme). Pour exécuter la partie résumé, sachez juste que ce tome de la trilogie doit son titre à la présence d’eau liquide sur Mars, et que l’action s’y déroule sur une bonne centaine d’années, comme le montre la page de la wikipedia traitant de la trilogie. On y retrouve donc quelques uns des cent premiers survivants, ainsi que divers personnages plus jeunes, comme Nirgal et Zo.
Mais ce qui change, c’est que l’humanité, poussée par la démographie galopante de la Terre et les coinditions de vie qui s’y dégradent de jour en jour, va désormais beaucoup plus loin que Mars, et s’installe sur l’ensemble des planètes compatibles gravitationnellement avec les besoins physiologiques humains. Tout cela occasionne naturellement son lot de conflits, qui sont cette fois vus de plus loin, car la plupart des intervenants se sont retirés de la vie politique foisonnante de Mars.
Pour être franc, je trouve ce dernier tome inférieur aux précédents, pour des raisons qui tiennent plus à l’intrigue qu’à autre chose. En effet, dans la mesure où le récit s’étale sur une centaine d’années durant lesquelles les personnages changent de vie plusieurs fois, et toujours pour des occupations assez peu spectaculaires, il est ardu pour le lecteur de s'intéresser à leurs soucis. Autrement dit, on passe du roman de construction sociétale à la chronique d’une civilisation qu’on pourrait considérer comme plus évoluée que la nôtre. Ca n’est pas inintéressant dans l’absolu, notez bien. Seulement ça n’est pas un genre dans lequel [a:Robinson|7491|Marilynne Robinson|http://images.gr-assets.com/authors/1256021025p2/7491.jpg] excelle. Non, là où il excelle, c’est dans la description d’une constitution qui tienne la route, par exemple, un sujet qui m’a bluffé par la maîtrise qu’il en a et l’intelligence du système mis en place(1). On pourrait aussi parler de son éco-économie, dont on peut se demander dans quelle mesure Nicolas Hulot s’en est inspiré(2). Et ce ne sont là que ses idées les plus emblématiques. Chaque page de ces trois tomes est susceptible d’accueillir une idée d’une élégance incroyable, malheureusement déservie, encore une fois, par une écriture trop administrative. Au delà de ces idées, il faut quand même reconnaître à l’auteur une implication évidente dans les problématiques qui touchent notre société.
Ainsi, le vieillissement de la société, qui était déja le thème de [b:Les menhirs de glace|251484|Les menhirs de glace|Kim Stanley Robinson|http://images.gr-assets.com/books/1173147242s/251484.jpg|1963545] est encore une fois (et plus que dans les précédents tomes du fait du vieillissement des personnages) l’un des thèmes principaux du roman. En corollaire de cette étude sur ce qu’on peut faire de sa vie lorsqu’elle dure plus de deux cent ans(3), transparait naturellement la vision qu’on peut avoir de la mort lorsque personne ne meurt (thème mis en valeur par le décès d’un des personnages).
Bref, vous vous en doutez, j’ai adoré ce bouquin, même s’il est rempli de défauts comme cette écriture aride comme Mars (était-ce donc voulu ?). Je l’ai adoré, mais attention, rien ne garantit que ce sera votre cas.

(1) Système dont la France devrait d’ailleurs s’inspirer pour la sixième république, car il supprime enfin le concept de président-roi et adapte d’innombrables aspects un peu foireux de la démocratie pour qu’ils se révèlent enfin efficaces, au premier lieu desquels se trouve le bête bulletin de vote.
(2) Après lecture de son pacte écologique, je constate que j’ai manifestement inventé son histoire d’économie basée sur l’empreinte écologique, qui est l’exacte transcription de la formidable idée de Robinson, l’éco-économie. En effet, notre économie utilise actuellement une échelle de valeurtt visant à l’accumulation d’équivalent-or (ça n’est plus vrai dans la réalité, mais toujours sur le concept). L’éco-économie propose d’utiliser comme étalon pour la monnaie l’empreinte écologique de chacun. Ainsi, une vie moins polluante sera plus riche qu’une vie polluante. D’un seul coup, les pays les plus pauvres, et donc les moins consomateurs et les moins polluants, deviendraient les plus riches.
(3) J’y pense comme ça, ça n’était pas l’espérance de vie des numénoréens ?