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Kim Stanley Robinson: New York 2140 (French language, 2020) 4 stars

New York 2140 is a 2017 climate fiction novel by American science fiction author Kim …

Review of 'New York 2140' on 'Goodreads'

5 stars

Ce roman plutôt épais nous raconte la vie de gens vivant dans le Met, un immeuble du lower Manhattan des années 2140. Ces gens, ce sont un trader, une policière, la présidente du syndicat des copropriétaires, le responsable de l'entretien de l'immeuble, deux quants un peu fous, et une star de la télé-réalité du futur. Mais en fait, ces gens ne sont pas les personnages principaux. Ce sont plutôt les points de vue que l'auteur utilise pour regarder le vrai personnage central de cette oeuvre : New-York ! Ou plus exactement Manhattan, qui sera visitée de fond en comble (cela incluant bien évidement le métro, et parfois même certains sous-sols).
Evidement, ce roman m'a rappelé d'autres oeuvres, et en particuler [b:La Maison des derviches|17563082|La Maison des derviches|Ian McDonald|https://i.gr-assets.com/images/S/compressed.photo.goodreads.com/books/1362686103l/17563082.SY75.jpg|7235789]. Il y a toutefois une nuance forte, que je vais devoir développer : Ian Mc Donald est certes un très bon auteur, mais c'est avant tout un rêveur : l'Istambul qu'il décrit est une espèce de projection rêvée, un décor de cinéma en quelque sorte. Tout au contraire (et on le sait depuis bien longtemps), KS Robinson est ce qu'on pourrait rapprocher le plus d'un scientifique utilisant l'écriture comme média. Il a donc pris le temps de se documenter sur les conséquences du réchauffement climatique (vu le nombre de livres qu'il a écrit sur le sujet, c'est bien normal) et de les appliquer complètement à son cadre de référence. On voit donc l'impact d'une montée des eaux de 4 mètres sur la géographie de l'île, mais aussi sur sa démographie, et même son économie (le trader invente ainsi un instrument financier basé sur l'investissement en zone inondée) et sa culture (les clubs sous-marins sont superbement décrits). Ca donne une oeuvre dense, très dense.
Surtout qu'avec le temps, l'auteur a su améliorer ses personnages (ce qui est rarement dur pour un auteur de science-fiction). Et par rapport aux personnages de la trilogie martienne, on peut dire qu'il a bien progressé ! On est sorti des archétypes "mécanistiques" (des gens très intelligents, mais n'exposant aucun sentiment) pour trouver de vraies personnes, dont la vie intime nous émeut, qu'elle soit réussie (cette bluette romantique entre le trader et la présidente de la copro donne lieu à un chapitre touchant par son sentiment d'inexpérience), ou marquée par le drame (comme c'est le cas du responsable de l'entretien). Ce sont donc des passages qui marchent, et qui sont touchants, grâce à la force que met l'auteur dans leurs convictions.
Une force qu'on retrouve également dans le propos politique de l'auteur.
Parce qu'en fait, ce roman n'en est pas un. C'est, habilement inséré, un essai politique critiquant l'ultra-capitalisme financier actuel et sa capacité à dévorer le monde pour alimenter sa folie (je crois que l'auteur pourrait écrire cette phrase). On y trouve donc un exposé (évidement critique) de l'histoire de la financiarisation de l'économie, mais aussi une proposition de sortie honorable. Je pense que les américains doivent voir ça comme du quasi-communisme. je préfère y voir un socialisme bien organisé, dans lequel l'état n'est pas vidé de sa substance par des acteurs économiques, mais dirigeant de ces acteurs, et exploitant la richesse qu'ils génèrent pour apporter un progrès au peuple.
Et je crois que ce message, allié à l'exploitation d'un décor fabuleux (vous pouvez mettre dessus des images de [b:La Cité des eaux mouvantes|736750|La Cité des eaux mouvantes (Valérian, #1)|Pierre Christin|https://i.gr-assets.com/images/S/compressed.photo.goodreads.com/books/1177858555l/736750.SX50.jpg|722929] fait de ce roman une oeuvre très positive. Parce que cette ville futuriste est emplie de solutions ingénieuses aux problèmes dont nous souffrons actuellement. Et je ressors de cette lecture rempli d'optimisme, et avec en plus l'impression d'être un peu plus intelligent.