Ce roman raconte le premier voyage de Binti, jeune harmonisatrice, vers son université, pendant lequel elle survit à un massacre avant, un peu plus tard, de revenir dans un chez elle qui ne l'accueille plus vraiment.
Ce roman arrive sur ma table de nuit déja primé deux fois (Locus et Hugo), ce qui est toujours flatteur.
En plus, le passage à une narratrice africaine, issue d'une tribu où les femmes se couvrent d'argile, garantit une certaine originalité. Originalité renforcée par un univers assez curieux : le vaisseau spatial qui l'emmène est une espèce de crevette géante, les méchants extra-terrestres sont des méduses flottantes, et même le retour sur terre est assez étrange.
En revanche, le personnage de Binti est typique de tous ces jeunes de romans d'initiation : la vie est pour eux pleine de choix qui sont tous invraisemblablement difficiles : faire ses lacets sans l'accord de la famille semble ici impossible. Je suis peut-être un peu dur en écrivant ça, parce que je pense que l'autrice essaye clairement de nous faire entrer dans une tribu très particulière, où l'individu n'est qu'une partie de la famille, et où les femmes, pour être mariables, doivent rester pures et bien obéir à leur famille. Ca n'est pas ce que fait Binti, et c'est sans doute ce qui fait qu'elle n'est plus à sa place en rentrant dans a famille. En tant que vieil homme blanc, je n'ai pas vraiment réussi à rentrer dans ce personnage. Pas tant à cause du poids du collectif que parce que j'ai eu l'impression que ce personnage n'assumait pas son choix (quand même tranché) de quitter la terre pour créer son destin. Bon, d'un autre côté, tout le roman est baigné d'un stress post-traumatique assez ... pénible.
J'ai donc un avis très mitigé sur ce roman, avec surtout l'impression d'un rendez-vous loupé. J'aurais aimé un personnage peut-être plus en accord avec sa propre intériorité. Ca lui aurait permis de vivre les événements décrits avec une attitude plus claire.