Nicolas Delsaux reviewed L'ouest du temps **** by John Brunner
Review of "L'ouest du temps ****" on 'Goodreads'
4 stars
Dans ce roman, [a:John Brunner|65471|Robert Lynn Asprin|http://www.goodreads.com/images/nophoto/nophoto-M-50x66.jpg] nous narre la lente et pernicieuse descente aux enfers d’un psychiatre qui souhaite, pour des raisons avouables (ou non), guérir une patiente.
L’un des points fondamentaux de ce roman étant qu’à aucun moment le lecteur ou le personnage ne peuvent déterminer si cette patiente est une malade mentale ou une anthentique étrangère. Sans vouloir diminuer le talent certain de Brunner, on sait depuis au moins [a:Lovecraft|9494|H.P. Lovecraft|http://photo.goodreads.com/authors/1196193667p2/9494.jpg] que les asiles font partie des lieux où la réalité se délite le plus facilement(1). Alors, où se trouve la touche unique qui permet de distinguer cette oeuvre des innombrables autres ? Sans doute dans la construction très introspective de ce récit, où les seules pensées auxquelles on accède sont celles de ce psychiatre, jusques et y compris ses fantasmes et cauchemars. Sans doute aussi (je dirais même évidement) dans le choix de la patiente, à …
Dans ce roman, [a:John Brunner|65471|Robert Lynn Asprin|http://www.goodreads.com/images/nophoto/nophoto-M-50x66.jpg] nous narre la lente et pernicieuse descente aux enfers d’un psychiatre qui souhaite, pour des raisons avouables (ou non), guérir une patiente.
L’un des points fondamentaux de ce roman étant qu’à aucun moment le lecteur ou le personnage ne peuvent déterminer si cette patiente est une malade mentale ou une anthentique étrangère. Sans vouloir diminuer le talent certain de Brunner, on sait depuis au moins [a:Lovecraft|9494|H.P. Lovecraft|http://photo.goodreads.com/authors/1196193667p2/9494.jpg] que les asiles font partie des lieux où la réalité se délite le plus facilement(1). Alors, où se trouve la touche unique qui permet de distinguer cette oeuvre des innombrables autres ? Sans doute dans la construction très introspective de ce récit, où les seules pensées auxquelles on accède sont celles de ce psychiatre, jusques et y compris ses fantasmes et cauchemars. Sans doute aussi (je dirais même évidement) dans le choix de la patiente, à peine nubile, manifestement perdue, répondant avec beaucoup de grâce et de naturel aux psychoses de ce médecin qui court toujours le risque de devenir un malade dans son propre hopital. Sans doute enfin grâce au style Brunner, tout en césures, en changements de tons et de rythme, qui ne peuvent que pousser le lecteur à une identification complète avec le personnage.
Mais le vrai génie de ce roman n’est pas là.
Il est dans le fait que, du début à la fin de l’histoire, il est impossible au lecteur de décider si, oui ou non, cette patiente est réellement l’envoyée du futur qu’elle prétend être. J’en veux pour preuve les derniers aveux qui lui sont arrachés, mais qu ne suffisent pas, sauf pour ce psychiatre complètement désorienté, à se faire une opinion réelle sur sa santé mentale(2). Bref, c’est un très bon roman, même s’il ne peut pas prétendre à figurer au mileu de l’espèce science-fictive. il fait en fait partie de cette immense cohorte d’oeuvres rodant dans les ombres entre la science-fiction, le fantastique, le polar et d’autres genres parfois moins honnêtes, et qui donnent justement toute sa richesse et son foisonnement au genre. Et du coup, c’est une oeuvre à lire, même s’il ne s’agit pas d’un des indispensables (enfin, pour moi).
(1) A un point tel qu’ l’immense majorité des scénarios pour le jeu de rôle L’appel de Cthulu se situent en de tels lieux, et en particulier à l’asile d’Arkham de sinistre renom.
(2) Il s’agit ici de la santé mentale de la patiente, mais ça pourrait aussi être celle du psychiatre, qui s’effondre de plus en plus vite.