Nicolas Delsaux reviewed Le vieil homme et la guerre 1 by John Scalzi
Review of 'Le vieil homme et la guerre 1' on 'Goodreads'
2 stars
Ce roman arrive auréolé d'une réputation assez flatteuse : il y a 10 ans, sur le newsgroup fr.rec.arts.sf, il se passait rarement un mois sans qu'un lecteur ne nous affirme les qualités de ce roman. Personnellement, je pense autrement.
Mais résumons.
John Perry, à l'anniversaire de ses 75 ans, s'engage (comme presque tout le monde) dans les forces de défense coloniale qui lui promettent une nouvelle jeunesse, au prix d'un engagement militaire de deux ans. Sa femme est morte, son fils adulte, alors ... pourquoi mourir dans la déchéance physique plutôt que jeune ? Evidement, comme il est engagé comme soldat, il devra combattre des aliens. Est-ce que ça lui pose des scrupules moraux, à lui ancien anti-militariste ? Pas trop.
Et du coup, plutôt que de nous offrir une critique plus ou moins subtile de la vision expansioniste d'une armée de conquête, ce roman n'est rien d'autre qu'une simple …
Ce roman arrive auréolé d'une réputation assez flatteuse : il y a 10 ans, sur le newsgroup fr.rec.arts.sf, il se passait rarement un mois sans qu'un lecteur ne nous affirme les qualités de ce roman. Personnellement, je pense autrement.
Mais résumons.
John Perry, à l'anniversaire de ses 75 ans, s'engage (comme presque tout le monde) dans les forces de défense coloniale qui lui promettent une nouvelle jeunesse, au prix d'un engagement militaire de deux ans. Sa femme est morte, son fils adulte, alors ... pourquoi mourir dans la déchéance physique plutôt que jeune ? Evidement, comme il est engagé comme soldat, il devra combattre des aliens. Est-ce que ça lui pose des scrupules moraux, à lui ancien anti-militariste ? Pas trop.
Et du coup, plutôt que de nous offrir une critique plus ou moins subtile de la vision expansioniste d'une armée de conquête, ce roman n'est rien d'autre qu'une simple chronique de la vie d'un soldat. Un soldat très malin, c'est sûr, mais un soldat qui combat parce que ce sont les ordres. Sans trop y réfléchir. Oh, il y a bien un moment où il est un peu gêné de massacrer des extra-terrestres hauts de cinq centimètres (en rejouant Godzilla, ce qui est censé faire sourire, mais fait plutôt pitié).
Malheureusement, il n'y a vraiment pas de critique de cet univers sans pitié, et on reste bien dans la vision du complexe militaro-industriel qui nous donnes des "fleurons" de la littérature comme Honor Harrington, par exemple. Il y a même un cynisme supplémentaire dans le fait que, comme tous les soldats sont vieux (mais dans un corps jeune et beau), quand l'un d'entre eux meurt, les autres y sont franchement indifférents.
Bon, cela dit, c'est quand même bien écrit, les situations et dialogues sont vivants, et tout cela se lit sans peine.
Mais le fond amoral de ce livre m'a littéralement sauté aux yeux. Qui plus est, le fait que le personnage principal soit un ancien auteur de publicité, c'est-à-dire un authentique individu moyen, contraste violement avec les horreurs qu'il commet, simplement "parce que c'est la guerre". Et en plus, je sais très bien que c'est une partie de la séduction qu'a opéré ce roman sur le public : la fameuse SF de l'âge d'or, c'est avant tout de jeunes soldats qui vont dézinguer des aliens sans arrière pensées. Et franchement, quand je lis cette recréation de ce fameux âge de l'inconséquence, je suis à la fois déçu par les lecteurs qui ont mordu à l'hameçon, et par ce roman, qui n'a quand même pas d'autre ambition que de réveiller une lecture nostalgique. Comparez donc ce brave fantassin qui combat pied à pied avec, par exemple, [b:Les légions maudites] de Westerfield, ou même, soyons fous, Valérian et Laureline. Lequel est novateur ? Certainement pas ce vieil homme, qui réactive un mode de combat pied à pied qui n'existe que par la guérilla urbaine.
Pour conclure, ça n'est vraiment pas mon style de roman sur le fond. Sur la forme, il faut être honnête, c'est bien écrit. Mais quel dégoût face à cette lecture !