Nicolas Delsaux reviewed Le cycle de dune by Frank Herbert
Review of 'Le cycle de dune' on 'Goodreads'
4 stars
Dans cette deuxième partie, Paul Atréides et sa mère sont recueillis par les fremens, ces terribles hommes du désert d'rrakis, et y prennent un rôle particulier Jessica en tant que révérende Mère, c'est-à-dire guide spirituelle d'une tribu, et Paul en tant que guerrier, messie, chef de guerre, et tant d'autres choses.
J'ai lu ce roman pour la première fois dans les années 80. A l'époque, j'avais trouvé l'histoire absolument fascinante parce qu'elle montrait de la force du potentiel caché du jeune Paul. Evidement, comme j'avais à peu près son âge, je ne voyais pas ce roman comme un roman typique du "coming of age", et qui pourrait potentiellement paraître aujourd'hui dans une collection young adult (un concept qui me gêne beaucoup personnellement). Le relire maintenant, plus de trente ans après, change complètement ma vision du roman.
J'y découvre cette fois-ci que la première partie est réellement la description d'un piège dans lequel la cible tombe pour des raisons d'honneur, qui font du personnage de Leto Atreides quelqu'un de vraiment intéressant. En revanche, cette fois-ci, j'ai eu beaucoup de mal à apprécier le jeune Paul, qui traite le reste des personnages avec un mépris évident. Un mépris qui a bien sûr pour raison sa peur de déclencher le jihad des terribles fremens sur la galaxie. Mais cette peur - compréhensible - de l'avenir n'en fait pas moins de Paul un personnage peu aimable.
En parlant des fremens ...
L'orientalisme est une fascination occidentale depuis ... le XVIIIème siècle d'après la wikipedia. Et à mon avis, plus que de la science-fiction (pour le décorum) ou de la fantasy (pour le fond élitiste et réactionnaire), ce roman est une oeuvre orientaliste. C'est-à-dire une oeuvre qui met en scène une fascination totale pour le désert et les gens qui l'habitent. En ce sens, c'est un grand, un magnifique roman sur le désert. En revanche, je suis beaucoup plus mal à l'aise avec l'exploitation des motifs religieux de Jihad par l'auteur. Peut-être (sans doute même) est-ce lié à l'époque actuelle, tellement inquiète de l'autre. Autrement dit, je ne suis sans doute pas dans la bonne attitude pour lire un roman qui parle du déferlement d'hommes du désert fanatiques religieux sur la civilisation ... A moins bien sûr qu'il existe des à-priori occidentaux concernant les peuples du désert, à-priori qui remonteraient, par exemple, à Lawrence d'Arabie (dont ce roman reproduit un certain nombre de traits, comme le jeune guerrier prenant la tête des indigènes pour en mener la révolte dans un but pas forcément altruiste). Bref, cet aspect du roman, ce côté légèrement néo-colonialiste dans le désert, m'a un peu dérangé ... Parce qu'il me semble qu'il est inconscient chez l'auteur, c'est-à-dire qu'il exploite le trope des dangereux nomades du désert sans en questionner la valeur potentiellement raciste. Mais attention ! C'est une critique liée à mon expérience de lecteur, qui n'ôte finalement que peu d'intérêt au roman. Parce que pour le reste, comme je l'ai déja dit, c'est un grand roman. Et l'un des indispensables de toute bonne bibliothèque de science-fiction, ne serait-ce que pour trouver les racines des sagas de fantasy comme le trône de fer ...